Ce vendredi 25 avril 2025, un acte de barbarie a frappé la mosquée de La Grand-Combe dans le Gard : un homme a assassiné à coups de couteau un fidèle, Aboubakar, un jeune Malien de 22 ans, venu nettoyer la mosquée avant la grande prière. Ce crime odieux, filmé par le meurtrier lui-même qui proclamait sa haine islamophobe, est l’expression brute d’une violence raciste qui gangrène notre société.
Pendant que les commentateurs tergiversent sur l’utilisation ou non du mot islamophobie ou sur la qualification juridique ou non de cet évènement comme attentat, la réalité est claire : cette haine meurtrière est nourrie, amplifiée et cautionnée par les discours racistes qui montent jusqu’aux plus hauts échelons de l’État. Aboubakar a été poignardé une cinquantaine de fois, laissé à l’agonie sous le regard haineux de son bourreau qui, dans un geste ignoble, a filmé ses derniers instants en proférant des insultes envers l’Islam. Ce crime odieux survient à peine un jour après l’assassinat d’une lycéenne à Nantes par un adolescent imprégné d’idéologies nazies. Ces deux actes sanglants révèlent l’ampleur d’un climat xénophobe qui gangrène la France, un climat entretenu par des responsables politiques et des médias qui propagent ouvertement des discours de haine. Il est temps de combattre et de déconstruire ces idéologies mortifères qui menacent notre cohésion sociale et notre humanité. La lutte contre le racisme et l’islamophobie doit devenir une priorité absolue.
Au lendemain de ce meurtre odieux, les principaux instigateurs de ce climat toxique se sont empressés de proférer des condamnations vides et hypocrites. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a feint de manifester sa « solidarité envers la communauté musulmane meurtrie par cette violence sauvage, perpétrée dans son lieu de culte, au moment de la grande prière ». Pourtant, il y a à peine un mois, ce même homme scandait lors d’un rassemblement islamophobe, financé par le lobby pro-israélien Elnet, des slogans tels que « à bas le voile » et glorifiait des figures historiques comme Charles Martel et Saint-Louis, héros mythifiés par l’extrême droite violente pour leur lutte contre les musulmans. De son côté, Gérald Darmanin, actuel ministre de la Justice et ancien ministre de l’Intérieur, a prononcé des paroles creuses : « cet assassinat ignoble dans une mosquée du Gard blesse le cœur de tous les croyants, de tous les musulmans de France. Sincères pensées à la famille, confiance en la justice pour retrouver et juger le coupable ». Des mots sans poids, venant de celui qui a mené la charge contre les droits des musulmans, responsable notamment de la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et de la loi séparatisme, instruments de répression et de stigmatisation. Même son de cloche chez Gabriel Attal, ex-ministre de l’Éducation et ancien Premier ministre, instigateur de l’interdiction ridicule de l’abaya, ainsi que chez Jordan Bardella, président du Rassemblement National, dont le parti d’extrême droite vomit chaque jour sa haine viscérale des musulmans. L’avenir seul révélera jusqu’où cette vague ira, mais nous, nous savons qu’il est temps de résister. Nous finirons sur cette citation de Frantz FANON : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, affronter sa mission : la remplir ou la trahir. »